Cet article est un extrait du livre : Une vie avec Allâh – 25 Noms d’Allâh & leur impact au quotidien (Ali Hammuda).
Les êtres humains, par leur nature même, se retrouvent souvent pris dans une hésitation paralysante et sont incapables d’avancer en raison de leur indécision et de leur peur de l’inconnu. Qu’il s’agisse de choisir entre deux opportunités d’emploi prometteuses, de s’engager avec confiance auprès d’un partenaire de vie potentiel ou de rechercher sans relâche la rédemption et de tenter de revenir sur le droit chemin, l’humanité est sans cesse entravée par l’indécision. En raison de cette condition vulnérable, les êtres humains doivent chercher du réconfort dans la connaissance profonde du Divin et se tourner vers le Nom d’Allâh al-Hâdî : « le Guide ».
- Le Nom al-Hâdî selon le Prophète Mûsâ
Lorsque le Prophète Mûsâ a invité Pharaon à croire en Allâh, ce dernier lui a demandé :
« Pharaon leur demanda : ‘Qui donc est votre Seigneur, Mûsâ ?’ Il répondit : ‘Notre Seigneur est Celui qui a assigné à chaque créature sa propre nature avant de la guider.’ »[1]
Allâh a donné à toute chose la direction qui lui convient. Par exemple, Il a ordonné à chaque membre du corps de remplir sa fonction. Il éclaire le chemin des aveugles, leur permettant de se déplacer dans leur environnement malgré leur cécité. Il permet également aux sourds de communiquer par le langage des signes, leur donnant ainsi la possibilité d’exprimer leurs pensées, leurs sentiments, leurs besoins et leurs désirs. Il éclaire les scientifiques et les oriente et guide vers de remarquables découvertes. Il aide les chercheurs dans leur quête d’informations essentielles et leur permet d’acquérir de précieuses connaissances.
Même en matière de justice, Il influence les juges pour qu’ils discernent la réalité des choses et prononcent des décisions justes. Il inspire les prédicateurs musulmans et leur donne la sagesse nécessaire pour approcher les autres avec compassion et compréhension.
Dans le tissu complexe de la vie familiale, Il guide les pères vers les méthodes les plus efficaces pour conseiller et guider leurs enfants. Il accorde aux mères la capacité innée de nourrir et de prendre soin de leur progéniture avec tendresse et dévouement.
Dans le royaume de la nature, Il guide les nouveau-nés, les amenant instinctivement à savoir comment téter le sein de leur mère. Il guide les animaux en les incitant à se protéger du danger et à trouver de la nourriture et de l’eau dans leur environnement.
Notre Seigneur est bien « Celui qui a assigné à chaque créature sa propre nature avant de la guider ».
Les saumons naissent en eau douce et migrent en aval, vers les eaux froides de l’océan Pacifique : ils parcourent souvent des milliers de kilomètres avant de revenir miraculeusement dans la rivière où ils sont nés pour y mourir. Chaque année, des milliers de saumons en période de fraie remontent ainsi les chutes à toute vitesse en luttant contre le courant et en trouvant, tant bien que mal, leur chemin pour retourner dans leurs cours d’eau originels. La manière exacte dont les saumons retrouvent le chemin de leur foyer est toujours un mystère, mais ils semblent s’appuyer sur une combinaison de codage génétique, de navigation céleste, de courants électromagnétiques et d’un odorat très développé.
« Notre Seigneur est Celui qui a assigné à chaque créature sa propre nature avant de la guider. »
Un jour, quelqu’un a aperçu un hérisson en train de manger la chair d’un serpent mort. Après chaque bouchée, le hérisson se dirigeait vers une plante particulière et mangeait ses feuilles, puis retournait vers le serpent pour le manger, puis retournait vers la plante, et ainsi de suite. Cette scène a attiré la curiosité du spectateur, qui a voulu savoir pourquoi il agissait ainsi et a déraciné la plante dont il se nourrissait. Le hérisson s’est dirigé vers la plante pour en reprendre une bouchée, mais il ne l’a donc pas trouvée : peu après, il est mort. Qui avait guidé le hérisson pour qu’il sache que cette plante spécifique possédait une propriété qui neutralisait le poison qu’il absorbait à travers la chair du serpent ?!
Notre Seigneur est véritablement « Celui qui a assigné à chaque créature sa propre nature avant de la guider. »
- Des exemples de la guidée d’al-Hâdî dans la vie du musulman
Certaines personnes affirment sans cesse : « Allâh ne m’a pas encore guidé » ; « Je suis toujours dans mes péchés parce qu’Allâh ne veut pas que je me réforme » ; « Si Allâh avait voulu que je change, il m’aurait montré le chemin. » Alors, comment le Nom d’Allâh al-Hâdî se manifeste-t-il dans la vie de l’Homme ?
a. L’envoi des Prophètes, des Messagers, des Livres et des miracles
Allâh dit dans le Qur’ân :
« Il n’est pas de peuple qu’un Prophète ne soit venu avertir. »[2]
Nombre de ces Messagers sont venus avec des Livres saints pour aider les gens à naviguer dans leur voyage vers Allâh et la demeure de l’Au-delà. Chaque Prophète et Messager a également reçu des miracles d’Allâh pour prouver sa véracité, comme l’a dit le Prophète ﷺ :
« Il n’est pas un seul Prophète sans qu’il n’ait reçu quelque chose de semblable à ce qui a poussé les gens à croire… »[3]
- L’Islâm est le statut par défaut de chaque être humain
L’Homme ne naît pas athée, car Allâhest al-Hâdî : Il a créé chaque nouveau-né en état d’Islâm, c’est-à-dire de soumission innée à Lui.
Dans un hadîth qudsî, le Prophète ﷺ a rapporté qu’Allâh a dit :
« J’ai créé Mes serviteurs naturellement enclins à M’adorer, mais les démons les ont détournés… »[4]
Et le Prophète ﷺ a également dit :
« Chaque enfant naît selon la nature primordiale (de l’Islâm)… »[5]
Dans un lointain passé, avant même la création des Cieux et de la Terre, Allâh a fait comparaître chaque être humain devant Lui pour l’interroger – une assemblée au cours de laquelle chacun d’entre nous a témoigné de sa croyance en Lui. Allâh dit à ce sujet :
« Et lorsque ton Seigneur tira des reins des fils d’Adam leur descendance qu’Il fit témoigner : ‘Ne suis-Je pas votre Seigneur ?’ ‘Si, nous en témoignons’, répondirent-ils. Vous ne pourrez donc arguer, le Jour de la Résurrection, de votre ignorance. »[6]
Le devoir des Prophètes et des Messagers n’était que de rappeler aux gens cette alliance originelle, et de les ramener ainsi à leur condition initiale : le monothéisme. N’est-ce pas là un autre signe d’al-Hâdî ?
- La voix intérieure de l’Homme
Dans le cœur de chaque être humain se trouve une sorte « d’avertisseur » qui nous encourage lorsque nous faisons le bien et nous pousse à ressentir de la culpabilité lorsque nous commettons des péchés. Ainsi, l’impact d’al-Hâdî se fait ressentir jusqu’au plus profond de chacun d’entre nous.
Allâh nous a donné l’exemple d’un chemin droit, de part et d’autre duquel se trouvent deux murs avec des portes dont l’entrée est masquée par des rideaux ; et au début du chemin se trouve un crieur qui prévient les gens : « Entrez tous ensemble sur ce chemin et n’en déviez pas ! » Puis, lorsque quelqu’un veut ouvrir l’une des portes qui se trouvent de part et d’autre du chemin, un autre avertisseur crie : « Malheur à toi, ne l’ouvre pas – car si tu l’ouvres, tu y entreras ! » Ce chemin est l’Islâm, les murs sont les limites sacrées d’Allâh et les portes correspondent aux interdits divins. Le crieur qui nous interpelle au début du chemin est le Livre d’Allâh, et celui qui nous interpelle en cours de route est la conscience qui se trouve dans le cœur de chaque musulman.[7]
Ainsi, même en l’absence de Prophètes, de Messagers et d’autres voix humaines qui cherchent à nous guider, nous possédons un sens de la guidée qui a été implanté en nous par Allâh et qui nous parle intérieurement au moment d’accomplir une bonne action ou de commettre un péché.
- Les circonstances imprévues de la vie à travers lesquelles Allâh nous guide
- Il nous guide à travers un seul moment de réflexion ou de méditation ;
- Il nous guide à travers les rappels qui croisent notre chemin ;
- Il nous guide à travers la maladie ;
- Il nous guide à travers la mort d’êtres chers ;
- Il nous guide à travers le mariage et le divorce ;
- Il nous guide à travers les problèmes financiers ;
- Il nous guide à travers des paroles opportunes entendues à des moments précis ;
- Il nous guide à travers les rêves que nous faisons de nous-mêmes, ou que d’autres font de nous :
Un célèbre exemple de ce dernier point est l’anecdote d’al-Hâkim al-Naysabûrî, le compilateur du recueil de hadîths al-Mustadrak. Souffrant d’une éruption de graves plaies au visage pendant près d’un an, et toutes les formes de traitement et de médicaments ayant échoué, il a demandé à l’Imâm Abû ‘Uthmân al-Sabûnî de faire une du’â publique en sa faveur pendant la prière du vendredi, à laquelle les gens ont répondu avec ferveur : « Amîn » !
Une semaine plus tard, une femme a déposé une lettre à la mosquée avant de rentrer chez elle. Le courrier expliquait qu’en apprenant l’état d’al-Hâkîm, cette femme était rentrée chez elle et avait prié toute la nuit pour lui ; cette même nuit, elle avait fait un rêve dans lequel le Prophète Muhammad ﷺ lui disait : « Dis à Abû ‘Abd Allâh (al-Hâkim) de faciliter l’accès à l’eau pour les musulmans. » Dès qu’al-Hâkim a pris connaissance de ce rêve, il a creusé une petite fosse devant sa maison, l’a remplie d’eau, y a ajouté de la glace et l’a dédiée à l’usage de toute la population. Les gens ont commencé à s’y abreuver et, avant la fin de la semaine, il était complètement rétabli : ses plaies avaient disparu, sa beauté était revenue, et il a vécu encore de nombreuses années après cet épisode !
- Il nous guide également à travers ce que certains appellent des « coïncidences » :
Al-Fudayl ibn ‘Iyâd, un grand savant et ascète, a débuté sa vie en tant que bandit de grand chemin qui attaquait les caravanes et détroussait les voyageurs. Une nuit, alors qu’il escaladait un mur pour se rendre auprès d’une femme qu’il aimait, il a entendu quelqu’un réciter le verset suivant :
« L’heure n’est-elle pas venue pour les croyants de laisser leurs cœurs s’attendrir à l’évocation d’Allâh et de la vérité révélée dans Son Livre ? »[8]
Il s’est alors arrêté net, puis a reculé. Ce moment précis a marqué un profond tournant dans sa vie : il s’est repenti auprès d’Allâh et a tourné une nouvelle page de sa vie, se consacrant pleinement à la recherche du savoir, à l’adoration et à la préparation de l’Au-delà. Jusqu’à notre époque, les musulmans continuent à tirer profit de ses œuvres, de ses opinions et de ses émouvants et poignants rappels ![9]
- Il nous guide à travers le Qur’ân, et il s’agit de la source principale de toute guidée.
Allâh dit dans le Qur’ân :
« Le Qur’ân que voici guide les hommes vers la voie la plus droite. »[10]
Il est impossible d’énumérer tous ceux qui ont trouvé leur chemin vers Allâh et l’Islâm par le biais du Qur’ân, mais l’on trouve dans cette liste aussi bien des rois, comme le Négus d’Abyssinie, que de simples passants qui ont entendu « par hasard » la récitation du Qur’ân, à l’image de Jubayr ibn Mu’tim, et plus miraculeusement encore, d’ennemis notoires de la religion tels que ‘Umar ibn al-Khattâb. Il n’est donc guère surprenant de savoir que le terme huda (« guidée »), sous toutes ses formes, apparaît pas moins de 250 fois dans le Qur’ân.
Ce ne sont là que quelques-unes des innombrables façons dont al-Hâdî fait sans cesse descendre Sa guidée vers l’être humain ; mais c’est ce dernier qui, bien souvent, refuse de les reconnaître.
- Al-Hâdî ne cesse de nous guider, mais l’Homme choisit de fermer les yeux.
Beaucoup d’êtres humains sont plongés dans le péché et incapables de s’en libérer avant de recevoir un secours inattendu. Il est fréquent de voir et d’entendre parler d’histoires de gens qui se livraient à une vie d’excès et de débauche et erraient sans but, parce qu’ils avaient perdu de vue Allâh et leur nature originelle, jusqu’à ce qu’une soudaine révélation les sorte brusquement de leur état d’insouciance.
Al-Hâdî est Celui qui redirige les cœurs vers la mosquée, même s’ils la regardaient auparavant de très loin et reconnaissaient à peine sa présence dans le paysage.
Al-Hâdî est Celui qui provoque une transformation profonde dans le cœur de la femme musulmane qui décide d’embrasser le code vestimentaire islamique – un engagement qu’elle n’aurait peut-être jamais envisagé de prendre de son vivant.
Al-Hâdî est Celui qui suscite en nous un fervent amour pour le Qur’ân, nous poussant à le réciter jour et nuit, même si nous avons pu l’abandonner et le négliger dans un passé pas si lointain.
Al-Hâdî est Celui qui insuffle en nous un profond désir de pratiquer Son rappel et une ardente envie de se rassembler avec d’autres croyants pour Le glorifier, même si nous avons pu négliger ces activités jusqu’à récemment.
En quelques instants de réflexion, chaque musulman peut retracer le nombre de fois où al-Hâdî l’a guidé. Nul être humain n’a le droit de prétendre « qu’Allâh ne veut pas de lui » ou « qu’Allâh ne l’a pas guidé ». Si nous sommes honnêtes envers nous-mêmes, nous dirons plutôt : « Il n’a jamais arrêté de me montrer le chemin ; je Lui ai simplement tourné le dos. » C’est lorsque nous persistons dans ce type de comportement négligent envers la guidée d’Allâh, en ignorant encore et encore Sa guidée, qu’avec les temps, les moyens par lesquels Allâh nous guide cessent de croiser notre chemin.
Allâh dit dans le Qur’ân :
« Relate-leur l’histoire de celui à qui Nous avions montré Nos signes, mais qui finit par s’en détourner et succomber à la tentation de Shaytân, se retrouvant parmi les égarés. »[11]
Selon ce verset, le Diable ne l’a donc détourné de la Vérité qu’après qu’il ait, en premier lieu, rejeté les signes d’Allâh.
L’inverse est également vrai. Lorsque nous nous efforçons de suivre chaque aspect de la guidée qu’al-Hâdî nous envoie, Allâh nous gratifie du don de la guidée ; et lorsque ce don est reconnu à sa juste valeur et mis en pratique, al-Hâdî nous envoie sans cesse de nouvelles formes de guidée, jusqu’à ce que nous soyons littéralement submergés par la guidée, nous réjouissant de la protection divine – tout comme Allâh dit, au sujet des jeunes gens de la Caverne qui avaient suivi la guidée lorsqu’elle leur était parvenue :
« Ce sont des jeunes gens qui ont cru en leur Seigneur et dont Nous avons renforcé la foi. »[12]
Il convient de voir les signes d’al-Hâdî partout, de les accepter de tout notre cœur lorsqu’ils se présentent, puis de remercier Allâh pour ces signes et de L’implorer de nous en envoyer d’autres.
‘Alî ibn Abî Tâlib a dit à ce sujet :
« Le Prophète ﷺ m’a dit : ‘Dis : « ô Allâh, guide-moi et mets-moi sur le droit chemin. »’ »[13]
Avec sincérité, humilité, un cœur attentif et un abandon total à Lui, levez vos mains vers Allâh et invoquez-Le ainsi :
« ô Allâh, guide-moi à chacun de mes pas, inspire-moi avant chacune de mes décisions et accorde-moi, ainsi qu’à ma famille, une guidée qui nous maintiendra sur la voie qui Te satisfait jusqu’au jour où nous Te rencontrerons ! »
[1] Tâ Hâ, 20/49-50.
[2] Fâtir, 35/24.
[3] Hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim, d’après Abû Hurayra.
[4] Hadîth rapporté par Muslim, d’après ‘Iyâd ibn Himar al-Mushaji’î.
[5] Hadîth rapporté par Muslim, d’après Abû Hurayra.
[6] Al-A’râf, 7/172.
[7] Hadîth rapporté par l’Imâm Ahmad, d’après al-Nawwas ibn Sam’an.
[8] Al-Hadîd, 57/16.
[9] Tafsîr al-Qurtubî (vol. 15, p. 251).
[10] Al-Isrâ’, 17/9.
[11] Al-A’râf, 7/175.
[12] Al-Kahf, 18/13.
[13] Hadîth rapporté par al-Nasâ’î.